PAUL COLLINS BEAT
Riffs saignants. La découverte de l'Europe par ce New-Yorkais globe-trotter (enfance en Grèce, au Vietnam...) remonte au tout début des années 80, en pleine effervescence new wave. Avec son groupe The Beat (qu'il devra plus tard rebaptiser Paul Collins Beat, pour éviter toute confusion avec le groupe de ska britannique The Beat), il enregistre l'émission Chorus d'Antoine de Caunes (les bandes doivent être quelque part) et squatte la playlistde Bernard Lenoir sur France Inter.
Avant les Fleshtones et les Plimsouls de son pote Peter Case, il incarne le power pop US, un univers adolescent aux refrains futiles cisaillés de riffs saignants. «Le résultat de la musique de mon adolescence, analyse le chanteur, un mélange des tubes Motown et de la British Invasion, le déferlement des groupes anglais, Beatles et Stones en tête.»
Avec son tic-tac de machine infernale, en descendance de Friday on My Mind d'Easybeats, Dont Wait up for Me Tonight peut revendiquer le titre d'hymne de ces années 80 fécondes. Pourtant, après deux albums pour la multinationale CBS, Paul Collins Beat se voit rendre son contrat : «A la suite d'un changement à la tête du label, tous les artistes qui n'avaient pas atteint le seuil des 600 000 ventes ont connu le même sort», se rappelle Collins avec une pointe d'amertume. Coupé dans son élan, le groupe vivote, puis décide, après un changement de formation, de se réfugier sur le Vieux Continent.
En France, le groupe sillonne le circuit des MJC pendant que les fanzines axés rock garage (Nineteen à Toulouse, Rock Ballad à Bordeaux, Tant qu'il y aura du rock à Orléans) lui tressent des louanges. Quelques disques sortent, de façon anarchique, dont, déjà un live à Madrid.

De retour aux Etats-Unis, Paul Collins ne connaît pas le retour en grâce qu'il espérait. «Le disque que j'ai sorti là-bas, en 1993, était loin d'être mauvais, à mon sens, confie-t-il. Mais pas grand monde ne l'a écouté. C'était l'époque où le grunge, avec Nirvana et Pearl Jam, balayait tout.» Son statut d'artiste culte lui vaut de voir ses chansons reprises dans un disque tribute sorti en Australie, mais il avoue aujourd'hui avoir à cette époque perdu le goût de composer.
«Mon retour en Europe a à voir avec le 11 septembre, poursuit-il. A cette époque, ma femme, qui est espagnole, n'adorait pas la vie à New York. Juste après les attentats, nous avions profité d'une tournée programmée de longue date pour changer d'air. Ici à Madrid, j'ai vite recommencé à composer et tourne aujourd'hui avec de jeunes musiciens enthousiastes qui connaissent mon ancien répertoire mieux que moi-même.»